• Rosalie

    Rosalie_Hale_and_Royce_King_II
    (Rosalie)
     
    Extrait de Hésitation :
     
    - Je voudrais t'expliquer pourquoi, à mon avis, il serait mieux que tu reste humaine. Pourquoi, à ta place, je choisirais cette solution.
    - Oh !
    (...)
    - Humaine, je vivais dans un monde différent du tien, Bella. Mon univers était plus simple. Année 1933, j'avais dix-huit et j'étais belle, je menais une existence parfaite.
    (...)
    - Mes parents appartenaient à la classe moyenne, enchaîna-t-elle. Mon père avait un emploi stable dans la banque, un poste dint il n'était pas peu fier, j'en suis consciente aujourd'hui. (...) Ma mère s'occupait du foyer, de moi-même et de mes deux jeunes frères. Elle veillait à maintenir un ordre impeccable à la maison. J'étais à la fois sa priorité et sa préférée.(...) Ma beauté était un don du ciel, ils y décelaient un potentiel qui m'échappait.
    "Car moi, j'étais heureuse, tout bêtement, ravie d'être moi, Rosalie Hale. Flattée que le regard des hommes me suive partout où j'allais, et ce dès mes douze ans. (...) Je rêvais d'un grand mariage fleuri, je me voyais remonter l'allée de l'église au bras de mon père sous les yeux de toute la ville ébahie par ma splendeur. (...) L'influence de mes parents sur moi était telle que je finis par désirer l'aisance matérielle, moi aussi. Une belle demeure aux meubles élégants qu'une autre entretiendrait, une cuisine moderne où une autre préparerait les repas. (...) J'aspirais cepedant à d'autres buts, plus authentiques. Un, en particulier. (...) Je désirais enfanter, gérer ma maison, vivre auprès d'un mari m'embrasserait en rentrant le soir du travail." (...)
    " Nous avions notre famille royale, à Rochester. Les King. Amusant, non ? Royce King posséddait la banque employant mon père ainsi que presque toutes les autres affaires rentables de la ville. C'est ainsi que son fils, Royce King, deuxième du nom, me rencontra. (...) Deux jours après son arrivé dans le département de mon père, ma mère oublia fort opportunément de donner son déjeuner à ce dernier. Je me souviens ne pas avoir compris son insistance à ce que je mette ma roche d'organdi blanc et me coiffe, rien que pour aller le lui porter. (...) Je ne remarquai pas spécialement le ragard de Royce, ce jour-là, j'étais tellement habituée à l'admiration des hommes. Le soir même pourtant, on livra des roses. A partir de là, et durant tout le temps où il me courtisa, il me fit envoyer un bouquet de ces fleurs. Au point que ma chambre en était surchargée, et que leur parfum m'accompagnait partout, y compris quand je sortais."
    "(...) Mes parents approuvaient cette fréquentation, et c'est une litote. Leur rêve s'accomplissait. Royce semblait être tout ce dont j'avais rêvé, d'ailleurs. Le prince charmant surgi pour me transformer en princesse. Il était ce que j'avais voulu, ce que j'espérais. Nos fiançailles eurent lieu au bout de deux mois."
    "Nous ne passions guère de temps seuls. Royce m'avais confié qu'il avait de lourdes responsabilités à la banque et, quand nous nous retrouvions, il appréciait que les gens nous regardent, qu'ils me voient à son bras. Cela me plaisait aussi. Il y eut de nombreuses fêtes, des bals, de jolies tenues. Toutes les portes s'ouvraient devant les King, à qui l'on déroulait le tapis rouge."
    "On projeta le mariage le plus onéreux qui soit. Exactement ce que j'avais désiré. J'étais sur un petit nuage.(...)"
    "Les rues étaient sombres, les réverbères déjà éteints, enchaîna-t-elle, presque inaudible. Je ne m'étais pas rendu compte qu'il était si tard. Il faisait froid. Très froid, la fin avril. Le mariage était prévu pour dans une semaine, et le mauvais temps m'inquiétait. Je me dirigeai rapidement en direction de la maison. (...)"
    "(...) J'étais à quelques rues de chez moi quand je les entendis. Un groupe d'homme attroupés autour d'un lampadaire brisé, riant trop fort. Ivres. Je regrettai de ne pas avoir appelé mon père pour qu'il m'escorte à la maison, mais le trajet était court, cela m'avait paru sot. Soudain, il me hela."
    "- Rose ! hurla-t-il, et ses camarades rigolèrent bêtement."
    "Ces ivrognes étaient bien habillés, ce qui m'avait échappé. Il s'agissait de Royce et quelques-uns de ses amis, des gosses riches." (...)
    "Je ne l'avais encore jamais vu boire. Un petit verre par-ci par-là, lors de soirée, rien de plus. Il m'avait avoué ne pas aimer le champagne. Je n'avais pas compris qu'il préférait les boissons beaucoup plus fortes. Il avait un nouvel ami, venu d'Atlanta."
    "- Qu'est-ce que je te disais, John ? croassa-t-il en m'attrapant par le bras pour m'attirer à lui. N'est-elle pas plus mignonne que toutes tes fleurs de Géorgie ?" (...)
    "- Difficile de juger, répondit-il avec un accent du sud traînant. On ne voit rien, sous ces fanfreluches."
    "Ils rirent, Royce inclus. Soudain, ce dernier m'ôta brutalement ma veste, une veste qu'il m'avait offerte, cassant au passage les boutons qui se répendirent par terre."
    "- Montre-lui donc tes attributs ! s'exclama-t-il, hilare en me retirant mon chapeau cette fois."
    "Les épingles m'arrachèrent des cheveux, et je poussai un cri de souffrance. Cela sembla leur plaire... ma souffrance."
    (...)
    - Je t'épargne la suite, reprit-elle. M'abandonnant sur le pavé, ils s'éloignèrent en titubant, sans cesser de rire. Ils me croyaient morte. (...)
    "J'attendis mon trépas. (...) Ce fut alors que Carlisle me découvrit. Attiré par l'odeur du sang, il était venu aux nouvelles. Je me souviens avoir été vaguement irritée par ses gestes, ses tentatives pour me sauver. Je n'avais jamais aimé le docteur Cullen, sa femme et son frère. A l'époque, c'est ce qu'Edward prétendait être, son frère. J'étais vexées qu'ils soient plus beaux que moi, surtout les hommes. (...)"
    "Je revins à moi dans une pièce claire et tiède, puis reperdis conscience, heureuse que le douleur ait commencé à se dissiper. Brusquement, une chose acérée s'enfonça dans ma gorge, mes poignets, mes chevilles."
    (...)
    - Tu sais, me confia-t-elle fièrement, mon dossier est presque aussi vierge que celui de Carlisle. Meilleur que celui d'Esmée. Mille fois meilleur que celui d'Edward. Je n'ai jamais goûté au sang humain. Je n'ai assassiné que cinq, en prenant soin néanmoins de ne pas répandre leur sang car je savais que je ne pourrais pas y résister. Or, je refusais qu'un seul atome d'eux me contamine.
    "J'ai gardé Royce pour la fin. Je voulais qu'il ait entendu parler de la mort de ses amis et deviné ce qui l'attendait. Je désirais que la peur aggrave son trépas. (...) Pour Royce, j'en ai rajouté. J'ai agi de manière théâtrale, puérile. Je portais ma robe de mariée, que j'avais dérobée pour l'occasion. Quand il m'a vu, il a hurlé de terreur.
    (...)
    - Pourtant, tu continues à ne pas m'aimer, soufflai-je.
    - J'en suis désolée.
    (...)
    - Accepterais-tu de m'expliquer pourquoi ? finis-je par demander. Ai-je commis quelques actes qui...
    (...)
    - Non, tu n'es coupable de rien, murmurra-t-elle. Pas encore, du moins.
    Je la dévisageai, perplexe.
    - N'est-ce pas évident ? enchaîna-t-elle, soudain plus passionnée. Tu as tout. Tout ce qui me manque, une vie pleine et entière devant toi. Or, tu vas bientôt la jeter aux orties. Combien je serais prète à n'importe quoi pour être à ta place. Tu as le choix qu'on ne m'a pas laissé, et tu optes pour le mauvais !
    (...)
    "Emmett représente tout ce que j'aurais demandé à la vie si je m'étais suffisamment connue pour savoir que demander alors. Il correspond exactement à la personne dont quelqu'un comme moi a besoin. Bizarrement, c'est réciproque. Cela a fonctionné mieux que je ne m'y attendais. Nous ne serons jamais que deux, cependant. Lui et moi ne nous assiérons pas sur une véranda, chenus, entourés par nos petits-enfants."
    "Mes régrets, mes aspirations t'étonnent, sans doute. Par bien des aspects, tu es beaucoup plus mûre que moi au même âge. Par d'autres... il y a tant de choses auxquelles tu n'as pas sérieusement réfléchi. Tu es trop jeune pour savoir ce que tu voudras dans dix, quinze ans. Et trop jeune pour y renoncer sans y avoir réfléchi au préalable. Dès lors que la permanence est un jeu, la circonspection s'impose, Bella."

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :