(Ok go - shooting the moon)
Extrait de Tentation :
Le garage était une cachette idéale. Le fauteuil roulant de Billy n'aurait pu franchir la bande de terrain inégale qui le séparait de la maison.
Jacob entreprit immédiatement de démantibuler la moto rouge, celle qui m'était réservée, après m'avoir ouvert la Golfe pour que je m'y installe plutôt que par terre. Tout en s'activant, il bavardait allégrement, n'exigeant rien de moi qu'un minimum d'encouragements pour entretenir la conversation. Il mm'informa des progrès de son année de Seconde, jacassant à qui mieux mieux sur ses cours et ses deux meilleurs amis.
(...)
Ce fut une drôle de journée. Je m'amusai bien, y compris chez le ferrailleur, sous la pluie battante et de la boue jusqu'aux chevilles. D'abord, je mis ça sur le compte de contrecoup consécutif à la perte de mon apathie, puis cette explication me parut un peu maigre. C'était plutôt, et pour l'essentiel, la présence de Jacob. Pas seulement parce qu'il était presque toujours content d'être avec moi, ni parce qu'il ne me reluquait pas du coin de l'oeil, guettant un geste susceptible de prouver que j'étais folle eou dépressive. Cela n'avait aucun rapport avec moi ; ça ne tenait qu'à lui seul. Il était d'une nature heureuse et transportait cette joie de vivre partout avec lui, telle une aura, en contaminant quiconque se trouvait dans les parages. Tel un soleil, il réchauffait ceux qui avaient l'heur de se trouver dans le champ de son rayonnement. De façon totalement naturelle, qui plus est. Pas étonnant donc que je m'accroche à lui comme une moule à son rocher.
(...)
Dès que le l'aperçus, ma poitrine se détendit, je respirai plus aisément.
- Salut ! me lança-t-il.
- Salut, Jacob.
Je lui souris, saluai d'un geste de la main Billy, installé près de la fenêtre.
- Mettons-nous au boulot, murmura Jacob avec impatience.
- Sérieux, tu n'en as pas assez de moi ?
Il devait commencer à se dire que je cherchais désespérément à échapper à ma solitude.
- Pas encore, plaisanta-t-il en se dirigeant vers le garage.
- En tout cas, jure-moi de me prévenir quand ke te taperai sur les nerfs. Je ne tiens pas à être un boulet.
- D'accord, s'esclaffa-t-il. Mais, à ta place, je n'y compterais pas trop.
Dans son atelier, je fus surprise de découvrir la moto rouge sur sa béquille. Oublié, le vieux tas de rouille.
(...)
Je me garai derrière chez les Black, à l'abri des arbres, afin de nous permettre de déplacer les motos plus aisément. Lorsque je sortis, deux taches de couleur étincelantes le sautèrent aux yeux - deux engins rutilants, l'un rouge, l'autre noir, cachés sous un épicéa et invisibles de la maison. Jacob avait assuré. Un bout de ruban bleu décorait chaque guidon.