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    (Showdown in the ballet studio)
    Extrait de Fascination :
     
    Le hall était sombre et désert, frais aussi, car l'air conditionné fonctionnait. (...) A travers la fenêtre de la salle d'attente, je distinguai la petite pièce plongée dans la pénombre. L'autre studio, le plus grand, était allumé, lui. Mais ses volets étaient clos.
    La frayeur qui s'empara de moi était si puissante qu'elle me piégea littéralement. Je me pétrifiai sur place. A cet instant, la voix de ma mère résonna.
    - Bella ? Bella ?
    Les mêmes accents de panique hystérique que lors du coup de fil passé à cinq heures et demie du matin. Je me ruai dans cette direction.
    (...)
    Elle était là : sur l'écran de télévision, ébouriffant les cheveux avec soulagement. C'était Thanksgiving, et j'avais douze ans.
    (...)
    L'écran devint bleu.
    Je pivotai lentement sur mes talons. Il se tenait, immobile, près de la sortie de secours, si figé que je ne l'avais même pas remarqué. Sa main était fermée sur la télécommande. Nous nous dévisageâmes longtemps, puis il sourit. Il me frôla presque en allant reposer l'objet près de la télé. Je l'observai minutieusement.
    - Désolé, Bella, mais il valait mieux que ta mère ne soit pas impliquée, tu ne penses pas ?
    Il était courtois, presque gentil. Alors, je compris. Ma mère ne risquait rien. Elle se trouvait toujours en Floride, n'avait jamais eu mon message. N'avait jamais été terrifiée par ces yeux rouge sombre enfoncés dans la peau anormalement blême de la créature qui se tenait devant moi. Elle était saine et sauve.
    (...)
    - Je dois reconnaître ça à ta race, reprit-il. Vous autres humains vous révélez parfois passionnants. Tes motivations me désarçonnent. On dirait qu'une part de toi n'a aucun instinct de survie... c'est fascinant.
    Bras croisés, il m'étudiait avec curiosité. Ni son attitude, ni ses traits n'étaient menaçant. Il était tellement banal.
    (...)
    - Cela t'ennuierait-il beaucoup si je laissais à mon tour une lettre de mon cru au cher Edward ?
    Reculant, il s'empara d'une petite caméra digitale posée en équilibre au sommet de la stéréo. Un voyant rouge indiquait qu'elle tournait déjà. Il régla minutieusement la prise de vue, élargissant le champ. Je le contemplai, épouvantée.
    - Excuse-moi, mais je ne crois pas qu'il résistera à l'envie de me chasser une fois qu'il aura regardé ça. Je ne voudrais pas qu'il rate quelque chose. Tout ça n'était que pour lui, tu sais. Tu n'es qu'une humaine qui, malheureusement, s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Et qui fréquente indubitablement les mauvaises personnes, si je puis me permettre.
    (...)
    Il avança jusqu'à se trouver à seulement quelques centimètres de moi. Soulevant une mèche de mes cheveux, il la huma délicatement avant de la remettre en place avec soin, et je sentis le bout glacé de ses doigts contre ma gorge. Il m'effleura rapidement la joue de son pouce, le visage curieux. J'aurais voulu m'enfuir à toutes jambes, j'étais pétrifiée. Je ne tressaillis même pas.
    (...)
    J'étais vraiment nauséeuse, maintenant. J'allais souffrir - je le lisais dans ses pupilles. Il ne lui suffirait pas de gagner, de se nourrir et de partir. La fin rapide que j'avais escomptée me serait refusée. Mes genoux se mirent à flageoler, et j'eus peur de tomber.
    Il s'éloigna de quelques pas et me contourna avec décontraction, comme s'il essayait de trouver un meilleur angle de vue en admirant une statue dans un musée. Son visage ne se départit pas de son expression avenante tandis qu'il s'interrogeait sur la manière dont il allait s'y prendre. Soudain, il bondit, adoptant cette position accroupie qui commençait à m'être familière, et son sourire aimable s'élargit lentement, s'agrandissant jusqu'à n'être plus un sourire mais un rictus fait de dents découvertes et luisantes.
    Alors, ce fut plus fort que moi - je tentai de fuir. Bien que j'eusse conscience de la futilité de mon geste et de mes jambes flageolantes, la panique l'emporta et je fonçai vers la sortie de secours. Il se dressa devant moi en un éclair. J'ignore s'il se servit de sa main ou de son pied, il fut trop rapide. Un coup violent frappa ma poitrine, et je partis à réculons. J'entendis le fracas des miroirs lorsque ma tête tapa dedans. Les glaces explosèrent dans une averse de débris. La surprise m'empêcha d'avoir mal. J'avais le souffle coupé.
    Il se rapprocha lentement.
    - Très joli effet, commenta-t-il, de nouveau amical, en examinant le verre brisé. Je me suis dit que cette pièce donnerait de l'ampleur dramatique à mon petit film. C'est pourquoi je l'ai choisie. Elle est parfaite, non ?
    L'ignorant, je rampai à quatre pattes en direction de l'autre porte. Une fois encore, il fut sur moi en un clin d'oeil, et son pied s'écrasa sur mon tibia. Je perçus le craquement écoeurant avant même d'en éprouver la souffrance. Mais lorsque celle-ci me submergea, je ne pus retenir un hurlement de martyre à l'agonie. 
    (...)
    - Tu ne préférerais pas qu'Edward se lance à mes trousses ? insista-t-il.
    - Non, croassai-je. Non. Edward, je t'en sup...
    Quelque chose percuta mon visage, me renvoyant dans les glaces brisées. Par-dessus la douleur qui émanait de mon tibia, je sentis un éclat de miroir entamer mon cuir chevelu, puis un liquide chaud se répandit dans mes boucles à une vitesse affolante, imbibant mon col et mes épaules, gouttant sur le plancher. L'odeur me tourna le coeur.
    Au-delà de ma nausée et du vertige, j'eus une brusque bouffée d'espoir. Ses prunelles, si froides auparavant, brûlaient désormais d'un feu incontrôlé.
    (...)
    Qu'il en termine. Telle fut ma dernière pensée avant que l'hémorragie n'avale le peu de conscience qui me restait. Mes paupières se fermèrent peu à peu, lourdes de fatigue.
    J'entendis, de façon sourde comme si j'avais été sous l'eau, le grognement du prédateur. Je devinai à travers les longs tunnels étroits qu'étaient devenus mes yeux sa silhouette sombre qui s'approchait. Dans un ultime effort, ma main se porta instinctivement devant mon visage pour le protéger. Je perdis connaissance.

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  • capture-20130218-021119
    (In place of someone you love)
    Extrait de Fascination :
     
    - Allô ? Elle est juste là. Je vous la passe.
    - Allô, maman ?
    - Bella ? Bella ?
    Ses accents d'angoisse familiers me rappelèrent ceux que j'avais entendus un millier de fois dans mon enfance, dès que j'avais eu le malheur de marcher un peu trop près de la rue ou de m'éloigner dans la foule. Malgré mon message pas trop alarmiste, je m'étais préparée à cette réaction.
    - Du calme, maman, soupirai-je en m'éloignant d'Alice parce que je n'étais pas certaine de réussir à mentir calmement sous le feu de son regard. Tout va bien. Laisse-moi juste une minute pour que je t'explique.
    Je me tus, soudain étonnée qu'elle ne m'eût pas encore interrompue.
    - Maman ?
    - N'ajoute rien tant que je ne t'en aurais pas donné la permission.
    Cette voix-là était aussi étrangère qu'inattendue. Un ténor très plaisant, formaté, de ceux qui résonnent à l'arrière-plan d'une publicité pour les voitures de luxe. Il parlait très vite.
    - Bon, je n'ai pas envie de faire du mal à ta mère, alors obéis-moi au doigt et à l'oeil, et il ne lui arrivera rien. (Une pause de quelques secondes, tandis que je me pétrifiais d'horreur.) Très bien, me félicita-t-il. Maintenant, dis : "Non, maman, reste où tu es."
    - Non, maman, reste où tu es, répétai-je dans un murmure à peine audible.
    - J'ai l'impression que ça va être difficile, reprit-il sur un ton amusé, léger et amical. Et si tu t'isolais, histoire que l'expression de ton visage ne gâche pas tout ? Il n'y a aucune raison que ta mère souffre. Pendant que tu changes de pièce, dis : "Maman, s'il te plaît, écoute-moi". Vas-y.
    - Maman, s'il te plaît, écoute-moi, suppliai-je en me dirigeant lentement vers la chambre, consciente des yeux inquiets d'Alice dans mon dos.
    Je fermai la porte en luttant contre la terreur qui bloquait mon esprit.
    - Très bien, tu es seule ? Réponds pour oui ou non.
    - Oui.
    - Mais ils t'entendent sûrement.
    - Oui.
    - Dans ce cas, dis : "Fais-moi confiance, maman."
    - Fais-moi confiance, maman.
    - Tout a fonctionné bien mieux que ce à quoi je m'attendais. Je pensais devoir attendre, mais ta mère est arrivée un peu plus tôt que prévu. C'est tellement plus facile, tu ne trouves pas ? Moins du suspense, moi d'anxiété pour toi.
    Je ne réagis pas.
    - Maintenant, écoute-moi très attentivement. Tu vas fausser compagnie à tes amis. Tu crois en être capable ? Réponds par oui ou non.
    - Non.
    - Comme c'est fâcheux ! J'espérais que tu te montrerais un peu plus inventive. Penses-tu que tu perviendrais à te débarrasser d'eux si la vie de ta mère en dépendait ? Réponds par oui ou non.
    Il devait bien y avoir un moyen. Je me souvins que nous comptions aller à l'aéroport. Sky Harbor International : emcombré, plein de couloirs et de recoins...
    - Oui.
    (...)
    Il raccrocha. Je gardai l'appareil collé à mon oreille, tétanisée par la peur, incapable de dénouer mes doigts. Il fallait que je réfléchisse, j'en étais consciente, mais ma tête était pleine de la panique de ma mère. Je mis plusieurs secondes à reprendre le contrôle de moi-même.
    Lentement, très lentement, mes idées commencèrent à briser l'épais mur de douleur. A former un plan. Je n'avais plus le choix, désormais, sinon celui de me rendre dans la salle aux miroirs pour y mourir.
    (...)
    - Alice, lançai-je d'une voix neutre.
    - Oui ?
    Prudente.
    - Comment ça fonctionne, tes visions ? Edward m'a dit que ce n'était pas fiable... que les choses changeaient.
    Affichant l'indifférence, voire l'ennui, je regardais par la fenêtre. Pourtant, il me fut désagréablement difficile de prononcer son prénom. Edward. Cela dut alerter Jasper, car une nouvelle onde relaxante emplit l'habitacle.
    - Oui... elles changent, murmura-t-elle comme si elle espérait que ce serait aussi le cas cette fois. Certaines sont plus sûres que d'autres. La météo, par exemple. Avec les gens, c'est moins aisé. Je ne discerne leurs actes que tant qu'ils s'y consacrent. Dès qu'ils passent à autre chose, qu'ils prennent une nouvelle décision, aussi insignifiante soit-elle, le futur se transforme.
    - C'est ainsi que tu n'as pas prévu que James viendrait à Phoenix avant qu'il ait résolu de s'y rendre.
    - Oui, admit-elle avec circonspection.
    (...)
    - J'ai faim, annonçai-je aussitôt.
    - Je t'accompagne, dit précipitamment Alice en sautant sur ses pieds.
    - Je préférerais que ce soit Jasper, ça ne t'ennuie pas ? Je me sens un peu...
    Je ne terminai pas ma phrase, estimant que mes yeux devaient être assez égarés pour transmettre le message.
    Jasper se leva donc. Alice parut hésiter mais, à mon grand soulagement, elle ne sembla rien soupçonner. Elle attribuait sans doute l'évolution de sa vision à une manoeuvre quelconque du traqueur plutôt qu'à une trahison de ma part. Jasper m'escorta en silence, sa main frôlant mon dos comme s'il me guidait. Je feignis de me désintéresser des premiers cafés de l'aéroport tandis que je cherchais du regard l'endroit que je visais. Il se trouvait à deux pas de là, au détour d'un couloir, hors de vue de la perspicace Alice : les toilettes pour femmes du troisième niveau.
    (...)
    Je n'avais pas oublié le jour où je m'étais perdue parce que ces toilettes avaient deux sorties. Seuls quelques mètres séparaient celle du fond des ascenseurs et, si Jasper tenait sa promesse de m'attendre de l'autre côté, il ne me repérerait pas. Je filai sans me retourner.
    (...)
    Une navette à destination de l'Hôtel Hyatt fermait déjà ses portes, à quelques mètres de moi.
    - Attendez ! criai-je au chauffeur en agitant le bras.
    - Je vais au Hyatt, me dit-il, surpris.
    - Je sais, haletai-je en me ruant dans le bus, moi aussi.
    (...)
    La fortune semblait ne pas me quitter. Devant le Hyatt, un couple à l'air hagard sortait sa dernière valise du coffre d'un taxi. Bondissant de la navette, je me précipitai dans l'auto, sous les regards réprobateurs de tous. Au chauffeur ébahi, je lançai l'adresse de ma mère.
    - Je suis extrêmement pressée, ajoutai-je.
    (...)
    Je courus vers le téléphone, allumant les lampes de la cuisine au passage. Sur le tableau blanc des courses, tracé d'une petite écriture nette, un numéro de dix chiffres que je composai. Mes doigts tremblaient tant que je dus m'y reprendre à plusieurs fois avant d'y arriver. C'est une main vacillante que je portai à mon oreille. Il n'y eut qu'une seule tonalité.
    - Allô, Bella ? lança la voix détendue de traqueur. Tu as fait vite. Je suis très impresionné.
    - Ma mère va bien ?
    - Très bien. Ne t'inquiète pas, elle ne présente aucun intérêt pour moi. Sauf si tu n'es pas seule, bien sûr.
    - Je le suis.
    Je ne l'avais jamais été autant de toute mon existence.
    - Parfait. Tu connais le studio de danse qui se trouve dans ton quartier ?
    - Oui. Je sais où il est.
    - A tout de suite, alors.
    Je raccrochai.
    Je filai aussitôt et me propulsai dans la chaleur infernale. Je ne m'attardai pas devant la maison. A quoi bon ?
    (...)
    J'avais l'impression de me traîner, comme si j'avais couru dans le sable mouillé, comme incapable de trouver une prise sur le trottoir en béton. Je trébuchai à plusieurs  reprises, tombai une fois, même, m'écorchant les mains en voulant amortir ma chute, titubant pour mieux retomber ensuite. Mais je réussis à atteindre le premier carrefour. Plus qu'une rue ! Je fonçais, je haletais, j'étais en sueur.
    (...)
    Quand je débouchai à l'angle de Cactus boulevard, j'aperçus le studio, tel que je me le rappelais. (...) Je tournais prudemment la poignée, le verrou n'était pas tiré. Le souffle court, j'ouvris le battant.

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  • Twilight-twilight-movie-2966440-1024-768
    (Tracking)
    Extrait de Fascination :
     
    - Alors, allons-y, déclara Carlisle en se dirigeant vers la cuisine.
    Au lieu de le suivre, Edward se précipita sur moi. Il me serra contre lui à m'en écraser, comme inconscient de la présence de sa famille autour de nous. Il hissa mon visage vers le sien, soulevant mes pieds de terre. Pendant la seconde la plus court qui fût, ses lèvres glacées se posèrent durement sur les miennes. Puis ce fut fini. Gardant mon visage entre ses paumes, il plongea ses prunelles splendides et brûlantes dans les miennes et me reposa sur le plancher.
    Lorsqu'il pivota pour s'en aller, ses pupilles étaient devenues étrangement mortes et vides.
    La première équipe partie, nous patientâmes. Les autres m'évitaient, respectant mon chagrin - les larmes roulaient sans bruit sur mes joues. Le silence s'éternisa, soudain interrompu par les vibrations du mobile d'Esmée qui s'en empara aussitôt et écouta le bref message que Carlisle devait lui donner.
    (...)
    J'entendis ma camionnette rugir puis s'éloigner. Jasper et Alice attendirent. La portable de cette dernière parut être collé à son oreille avant même d'avoir bourdonné.
    (...)
    - Si je puis me permettre ?
    - Tu es bien la première à demander l'autorisation, répondis-je avec un sourire forcé.
    Elle me souleva aussi aisément qu'Emmett, tendre et protectrice, puis nous nous ruâmes dehors sans éteindre derrière nous.
    Je me réveillai en pleine confusion, l'esprit embrumé et encore perdu entre rêve et cauchemars. Il me fallut plus longtemps que d'ordinaire pour me souvenir de l'endroit où je me trouvais.
    La chambre, trop insipide pour appartenir à une maison particulière - un hôtel.
    (...)
    Je tentai de me rappeler comment j'étais parvenue ici, en vain d'abord.
    Il y avait eu la longue voiture noire aux vitres plus sombres que celles d'une limousine, son moteur presque silencieux tandis que nous foncions sur la nationale à plus de deux fois la vitesse autorisée. Il y avait Alice aussi, assise à côté de moi sur la banquette arrière de cuir noire.
    (...)
    Le sommeil m'avait fuie ; bien qu'irrités, mes yeux rouges avaient refusé de se fermer, y compris quand la nuit s'était achevée pour laisser place à l'aurore, quelque part au-dessus d'un sommet peu élevé de Californie.
    (...)
    Je ne dormais toujours pas quand, passé un col, la boule de feu maintenant derrière nous avait illuminé les toits de tuiles de la vallée du Soleil. J'étais trop vidée mes émotions pour m'étonner que nous eussions accompli un périple de trois jours en un seul. J'avais contemplé sans la voir la vaste étendue plate qui s'étalait devant nous. Phoenix, les palmiers, les créosotes aux allures de chiendent, les brisures erratiques des routes qui se croisaient, les taches vertes des parcours de golf et celles turquoise des piscines, le tout noyé dans une brume légère et encadré par une ligne de crêtes courtes et rocailleuses qui n'étaient pas assez hautes pour mériter qu'on les appelât montagnes.
    (...)
    Nous avions emprunté le rond-point menant à Sky Harbor International... par jusqu'au bout. J'imagine que c'est à cet instant que j'avais sombré.
    Quoique... maintenant que j'avais évacué mes souvenirs, il me semblait garder la vague impression d'être sortie de la voiture - le soleil se couchait à l'horizon -, mon bras passé par-dessus l'épaule d'Alice, le sien ceignant ma taille et me traînant, titubante dans la pénombre chaude et sèche.
    De la chambre, j'avais tout oublié.
    (...)
    - Que faisons-nous, maintenant ?
    - Nous attendons le coup de fil de Carlisle.
    - N'aurait-il pas dû déjà appeler ?
    Je me rendis compte que j'avais marqué un point. Les yeux d'Alice papillonnèrent vers le mobile posé sur son sac avant de revenir à moi.
    - Qu'est-ce que ça signifie ? m'inquiétai-je aussitôt, des vibratos dans la gorge. Pourquoi n'a-t-il pas encore téléphoné ?
    - Parce qu'il n'a rien de nouveau à nous apprendre.
    Ses intonations étaient trop lisses. L'air fut soudain plus difficile à respirer. 
    (...)
    - Alors, de quoi as-tu peur ?
    Je notai que s'il était capable de deviner mes émotions, il en ignorait les raisons.
    - Tu as entendu Laurent, chuchotai-je. James est un tueur. Si jamais il se produisait quelque chose, s'ils étaient séparés ? s'il leur arrivait quoi que ce soit, Carlisle, Emmett... Edward... (Je déglutis.) Si cette sauvage blesse Esmée... (Je déraillai dans les aigus, au bord de l'hystérie.) Comment pourrais-je vivre, alors que je suis rseponsable ? Aucun de vous ne devrait risquer sa vie pour moi...
    (...)
    Cette fois, ce fut Alice qui me coupa la parole. Elle effleura ma joue de ses doigts glacés.
    - Edward est resté seul pendant presque un siècle. Maintenant, il t'a. Tu n'es pas consciente des changements que tu as provoqués en lui, nous si. Penses-tu que l'un d'entre nous tiendrait à croiser ses yeux pendant les cent prochaines années s'il devait te perdre ?
    Quelque peu réconfortée, je sentis la culpabilité se dissiper peu à peu. J'avais néanmoins conscience qu'il valait mieux me méfier de mes émotions quand Jasper était dans les parages.
    Ce fut une journée très, très longue.
    (...)
    Les secondes s'écoulèrent, et j'avais presque oublié sa présence quand, tout à coup, elle sauta du lit et atterrit gracieusement sur ses piedq. Etonnée, je la regardai.
    - Quelque chose à changé ! lança-t-elle avec une urgence qui ne s'adressait pas à moi.

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  • capture-20130218-013306
    (Bella is part of the family)
    Extrait de Fascination :
     
    Nous déboulâmes dans la grande pièce blanche, edward et Alice à nos côtés. Ils étaient tous là, déjà debout après avoir perçu nos pas. Au milieu d'eux, Laurent. Un grondement sourd roula dans la gorge d'Emmett lorsqu'il me posa près d'Edward.
    - Il nous traque, annonça celui-ci en gratifiant l'étranger d'un regard sinistre.
    - C'est ce que je craignais, avoua ce dernier, l'air malheureux.
    (...)
    - Que va-t-il faire ? demanda Carlisle à Laurent d'un ton glacial.
    - Je suis désolé. J'ai tout de suite compris en voyant votre fils la défendre qu'il ne s'arrêterait pas.
    - Pouvez-vous l'en empêcher ?
    - Non. Rien ne l'arrête lorsqu'il a commencé.
    - Alors, nous serons les premiers, jura Emmett.
    - Vous n'y arriverez pas. En trois cents ans d'existence, je n'ai jamais rien vu de tel. C'est un tueur. C'est pourquoi j'ai intégré sa bande.
    (...)
    - Vous êtes certain que le jeu en vaut la chandelle ? s'enquit-il.
    Le rugissement outragé d'Edward secoua la pièce, et Laurent se tassa sur lui-même.
    (...)
    - Allez en paix, répondit Carlisle avec solennité.
    Après un ultime tour d'horizon, Laurent s'empressa de sortir. Le silence dura moins d'une seconde.
    (...)
    - Qu'avez-vous décidé ?
    - Nous l'attirons ailleurs pendant que Jasper et Alice emmènent Bella vers le sud.
    - Et ensuite ?
    - Nous le chassons.
    La voix d'Edward résonnait d'accents meurtriers.
    - J'imagine que nous n'avons pas d'autre choix, admit son père avec morosité.
    - Monte avec elle et échangez vos vêtements, ordonna Edward à Rosalie.
    Elle le toisa, livide et ahurie.
    - Pourquoi ferais-je ça ? riposta-t-elle. Qu'est-elle pour moi ?  Mis à part une menace... un danger que tu as décidé de faire peser sur nous tous.
    Un tel venin suintait de ces paroles que j'en tremblai.
    - Rose... chuchota Edward en posant une main sur son épaule.
    Elle se dégagea. Je surveillais Edward de près. Connaissant son tempérament colérique, je craignaos le pire. Il m'étonna cependant en se détournant de sa soeur sans insister.

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  • capture-20130218-002920
    (Stuck here like mom)
    Extrait de Fascination :
     
    Charlie m'attendait - toutes les lumières étaient allumées. J'avais beau me creuser la cervelle pour trouver un argument susceptible de le convaincre de m'autoriser à partir, mon esprit était aux abonnés absents. Ca n'allait pas être une conversation très agréable.
    (...)
    - Fous-moi la paix ! hurlai-je à un Edward interloqué.
    Je me précipitai à l'intérieur en claquant le battant sous son nez.
    - Bella ?
    Charlie, qui tournait en rond dans le salon, se rua vers moi.
    - Toi, laisse-mio ! piaillai-je à travers les larmes qui dégoulinaient à grand flots maintenant.
    Je courus dans ma chambre, où je m'enfermai à clé. Rapidement, je tirai mon havresac de sous le lit et la vieille chaussette contenant mon trésor de guerre secret de sous le matelas. Charlie frappait à coups redoublés.
    - Tu n'as rien, Bella ? Que se passe-t-il ? criait-il, complètement affolé.
    - Je rentre à la maison ! braillai-je, et ma voix se cassa juste au bon endroit.
    - Il t'a fait du mal ? gronda-t-il, en colère, cette fois.
    - Non ! rétorquai-je, quelques octaves plus haut.
    (...)
    J'étais un peu essoufflé, à force de me démener. Edward me jeta le contenu d'un nouveau tiroir. Mon sac était presque plein, maintenant.
    - Que se passe-t-il ? répétait mon père en martelant furieusement la porte.
    - C'est moi qui est rompu avec lui ! hurlai-je en me débattant avec la fermeture Eclair de mon bagage.
    Plus habile que moi, Edward s'en chargea avant de passer soigneusement la sangle du sac par-dessus mon épaule.
    - Je t'attend dans la voiture, souffla-t-il. Fonce !
    Et il sauta par la fenêtre. Je déverrouillai la serrure, repoussai brutalement Charlie et dévalai les marches, gênée par mon fardeau.
    - Mais qu'y a-t-il ? s'énerva mon père, sur mes talons. Je croyais que tu l'aimais bien...
    Dans la cuisine, il m'attrapa par le coude. Sa surprise n'amoindrissait en rien la fermeté de sa poigne. Il m'obligea à lui faire face, et je vis qu'il n'avais pas l'intention de me laisser partir comme ça. Je n'avais qu'un moyen de la persuader, mais cela allait tellement le blesser que je me haïs de seulement y songer. Malheureusement, j'étais pressée et je devais m'assurer qu'il ne risquerait rien. Je le fusillai du regard, mes larmes repartant de plus belle à l'idée de ce que je m'apprêtais à dire.
    - Je l'aime bien, c'est tout le problème. Mais j'en ai marre de vivre ici. Je ne tiens pas à être enfermée comme maman dans cette stupide bourgade qui suinte l'ennui ! Je ne commettrai pas la même erreur qu'elle. Je déteste réellement cet endroit. Je n'y resterai pas une seconde de plus !
    Sa main retomba comme si je l'avais électrocuté. Mes détournant de son visage choqué et peiné, je filai vers le porche.
    - Bella ! Tu ne vas pas t'en aller maintenant, croassa-t-il, il fait nuit.
    - Je dormirai dans la voiture si je me sens fatiguée, ripostai-je sans le regarder.
    (...)
    - Laisse-moi partir, Charlie.
    C'étaient les derniers mots que ma mère lui avait lancés avant de franchir le même seuil tant d'années auparavant. Je les prononçai aussi méchamment que je pus avant d'ouvrir le battant.
    - Ca n'a pas marché, point. Je déteste vraiment, vraiment, Forks !
    Ma cruauté eut le résultat escompté. Interdit, Charlie se figea sur le perron, et je m'enfuis dans la nuit. La cour vide me flanqua une peur bleue. Je courus à toutes jambes jusqu'à la Chevrolet, imaginant déjà une ombre à mes trousses. Je balançai mon sac sur le plateau et ouvris vivement la portière. La clé était sur le contact.
    - Je t'appelle demain ! criai-je à Charlie.

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