• Le bal de promo

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    (Flightless bird - Wire & Iron)
    Extrait de Fascination :
     
    - Tu m'as dit que tu étais parvenu à t'arrêter... Je veux savoir pourquoi.
    - Comment çan pourquoi ?
    - Pourquoi n'as-tu pas laissé le venin me contaminer ? Je serais comme toi, maintenant.
    (...)
    - Je refuse de me cantonner au rôle de Lois Lane, insistai-je. Je veux aussi être Superman.
    - Tu ne sais pas de quoi tu parles, répliqua-t-il tendrement.
    - Je crois que si.
    - Non, Bella. J'ai eu presque un siècle pour y réfléchir, et je n'ai toujours pas d'opinion arrêtée.
    - Regrettes-tu l'intervention de Carlisle ?
    - Non. Mais la vie m'abandonnait, je n'avais rien à perdre.
    - C'est toi, ma vie. Tu es la seule chose que je ne supporterais pas de perdre.
    (...)
    - Pourtant, je vais mourir, finis-je par lâcher.
    Il parut étonné.
    - Bien sûr que non ! Tu n'auras qu'une ou deux cicatrices...
    - Je vais mourir, répétai-je.
    - Franchement, Bella, protesta-t-il, anxieux à présent, tu sortiras d'ici dans quelques jours, une semaine tout au plus.
    - Peut-être pas maintenant, mais ça finira pas arriver. Je m'en rapproche à chaque seconde qui passe. Et je vais devenir vieille.
    Il se renfrogna, appuya ses doigts contre ses tempes et ferma les yeux.
    - C'est ce qui est censé se produire. Ce qui devrait se produire. Ce qui se serait produit si je n'avais pas existé - et je ne devrais pas exister.
    (...)
    - Bella ! s'exclama-t-il, exaspéré. Je refuse de discuter de cela plus longtemps avec toi. Pas question que je te condamne à une nuit éternelle. Un point c'est tout !
    - Si tu crois que je renoncerai, c'est que tu me connais bien mal. Tu n'es pas le seul vampire du coin.
    - Alice n'oserait pas !
    (...)
    - Elle sait, hein ? C'est pourquoi tu lui en veux tellement. Elle a vu que je serais comme toi... un jour.
    - Elle se trompe. Elle t'a aussi vue morte, et ce n'est pas arrivé.
    - Je ne parierais pas contre elle.
    Nous nous dévisageâmes avec colère pendant quelques minutes dans un silence que rompait seulement le bourdonnement des appareils, le bruit du goutte-à-goutte et le tic-tac de la pendule.
     
    (...)
    - Je t'ai emmené au bal, dit-il d'une voix lente, parce que je ne veux pas que tu rates quoi que soit. Je refuse que mon existence te prive de quelque chose, si je peux l'éviter. Je désire que tu sois humaine. Que ta vie déroule comme elle l'aurait fait si j'étais mort en 1918 comme prévu.
    (...)
    - J'ai une question, reprit-il un peu plus tard. Y répondras-tu ?
    - N'est-ce pas ce que je fais toujours ?
    - Promets juste de ne pas te dérober.
    - D'accord.
    Je devinai aussitôt que j'allais le regretter.
    - Tu as paru sincèrement étonnée quand tu as compris que je t'amenais ici...
    - Je l'étais, l'interrompis-je.
    - Certes, mais tu devais bien avoir envisagé autre chose... Je serais curieux d'apprendre ce à quoi tu as pensé quand je l'ai demandé de t'habiller.
    (...)
    - Eh bien... j'ai cru qu'il s'agissait... d'une espèce de célébration. Pas un minable bal humain !
    - Humain ? releva-t-il platement.
    Le seul mot vraiment important de ma phrase. Je baissai les yeux, tripotant un pande mousseline. Il attendit sans rien dire.
    - Très bien, confessai-je, j'espérais que tu avais changé d'avis et que... tu allais finalement procéder à ma transformation.
    Diverses émotions traversèrent son visage. Colère, peur... Puis il parut se ressaisir, et l'amusement prit le dessus.
    - Tu as cru que je porterais une cravate noire pour l'occasion ? se moqua-t-il.
    (...)
    - Si prête à mourir, murmura-t-il comme pour lui même. A connaître le crépuscule de sa vie, alors qu'elle a à peine commencé. A tout abandonner.
    - Ce n'est pas une mort, c'est une renaissance, chuchotai-je.
    (...)
    Soudain, son humeur changea de nouveau. Plissant les lèvres, il me scruta un très long moment.
    - Tu es prête, là, maintenant ? demanda-t-il.
    - Euh... oui ?
    Souriant, il inclina lentement sa tête jusqu'à ce que ses lèvres froides frôlent la peau de mon cou.
    - Tout de suite ? chuchota-t-il, son haleine glaçant ma gorge.
    Je ne pus retenir un frisson.
    - Oui, répondis-je, tout bas pour que ma voix ne se brise pas.
    S'il pensait que je bluffais, il allait être déçu. J'avais choisi, j'étais sûr de moi. Tant pis si on corps était rigide comme une planche, mes poings serrés et ma respiration heurtée... Avec un rire sombre, il se recula. Il paraissait déçu.
    - Tu ne crois quand même pas que je cèderais si facilement, railla-t-il.
    - On a le doit de rêver.
    - C'est donc ce à quoi tu rêves ? Devenir un monstre ?
    - Pas tout à fait, répliquai-je, piquée par l'emploi du mot. (Un monstre, non mais je vous jure !) Mon rêve, c'est surtout d'être avec toi pour l'éternité.
    Son visage prit une expression à lafois tendre et mélancolique quand il perçut ma peine.
    - Bella. Je resterai toujours avec toi, n'est-ce pas suffisant ?
    Ses doigts dessinaient légèrement les contours de mes lèvres, et je souris.
    - Ca ne l'est que pour l'instant.
    Ma ténacité lui déplaisait. Aucun de nous deux ne comptait s'avouer vaincu, ce soir.

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