• 1volturi
    (The Volturi)
    Extrait de Tentation :
     
    - Salutations, messieurs, lança Edward, en feignant le calme et l'enjouement. Il semble que je n'aurais finalement pas besoin de vos services aujourd'hui. Cependant, je vous saurais infiniment gré de remercier vos maîtres pour moi.
    (...)
    - Cherchons un abri plus adapté.
    - Je vous suis, céda Edward d'un ton brusque. Bella, retourne donc sur la place et profite des festivités.
    - Non, que la fille vienne, exigea le dénommé Félix en réussissant à injecter des accents sadiques dans son murmure.
    - Pas question !
    La prétendue civilité d'Edward avait disparu, laissant place à un ton glacial. Il déplaça le poids de son corps de manière à peine perceptible, et je devinai qu'il se préparait à se battre. "Non", fis-je avec les lèvres. "Chut", me retourna-t-il pareillement.
    (...)
    - Allons, allons, un peu de tenue ! suggéra une voix musicale. Il y a des dames, ici.
    Alice vint se ranger à côté de son frère. Elle était décontractée, ne laissait percevoir aucune tension sous-jacente. Elle avait l'air si petite et fragile avec sa manière d'agiter les bras comme une enfant. Pourtant, Démétri et Félix se redressèrent, leurs manteaux soulevés par une bourrasque, et le deuxième se renfrogna. Apparemment, ils n'appréciaient guère d'être à forces égales.
    (...)
    - Non ! répliqua Edward en serrant les dents, ce qui arracha un sourire à Félix.
    - Ca suffit ! 
    Le commandement aux intonations haut perchées et grêles venait de derrière nous. Regardant sous l'autre bras d'Edward, je découvris une petite silhouette sombre qui approchait. Un des leurs, forcément. D'abord, je crus avoir affaire à un jeune garçon. Il était aussi menu qu'Alice, et ses cheveux châtains étaient coupés court. Sous le manteau presque noir, le corps était fluet et androgyne. Mais les traits étaient trop fins pour appartenir à un mâle. Les immenses prunelles et les lèvres pleines auraient donné des allures de gargouille à un ange de Botticelli.
    (...)
    Edward laissa tomber ses bras et décontracta lui aussi, mais c'était un geste de défaite.
    - Jane ! soupira-t-il, résigné.
    Alice, elle, resta impassible.
    - Suivez-moi ! ordonna Jane de sa voix enfantine.
    Nous tournant le dos, elle s'enfonça sans bruit dans la venelle. D'un geste, Félix nous invita à lui emboîter le pas, un rictus victorieux sur le visage. Alice obtempéra aussitôt. Edward enlaça ma taille et m'entraîna sur ses talons. L'allée se rétrécissait et bifurquait légèrement. Je levai des yeux interrogateurs vers Edward, mais il se borna à secouer la tête. Je n'entendais ni Félix ni Démétri, j'étais cependant sûre qu'ils étaient à nos basques.
    (...)
    Rapidement, l'obscurité fut totale. Mes piétinements maladroits résonnaient dans l'espace, lequel semblait vaste. Je n'avais aucune manière de m'en assurer. Mis à part le martèlement de mes pieds et les battements sourds de mon pouls, il n'y avait pas un bruit, sauf, une fois, un soupir exaspéré venant de l'arrière. Edward veillait à ne pas me lâcher. La main qui ne tenait pas mes reins était posée sur mon visage et, de temps en temps, son pouce caressait le contour de ma bouche. Parfois aussi, je le sentais qui enfouissait son nez dans mes cheveux. Comprenant que c'était la dernière fois que nous étions réunis, je me collai à lui.
    (...)
    Notre route continua de s'enfoncer sous terre, et j'eus du mal à ne pas céder à la claustrophobie. Seuls les doigts d'Edward caressant mes joues m'empêchaient de hurler. J'ignore d'où venait la lumière, mais, peu à peu, le tunnel noir devint gris. Je pus distinguer des ruisselets d'humidité ébène sur les pierres ternes, comme si ces dernières avaient saigné de l'encre.
    (...)
    Nous étions dans un couloir vivement éclairé, parfaitement banal. Les murs étaient blanchis à la chaux, le sol moquetté de gris. Des néons carrés étaient ménagés dans le plafond. L'air était plus tiède, et j'en fus bien contente. Après la pénombre des égouts fantomatiques, cet endroit me paraissait remarquablement inoffensif.
    Edward ne paraissait pas partager cette opinion, car il fusillait du regard la silhouette sombre qui se tenait près d'un ascenseur, tout au bout du couloir que je parcourus, encadrée par lui et Alice, cependant que la lourde porte en bois massif se refermait bruyamment derrière nous et que, une fois de plus, des verrous étaient tirés. Jane, une expression apathique sur le visage, nous tenait l'ascenseur ouvert.
    (...)
    L'ascension fut de courte durée, et nous débouchâmes dans ce qui ressemblait à la réception d'un bureau chic. Les murs étaient lambrissés, les sols couverts d'une épaisse moquette vert foncé. Il n'y avait pas de fenêtres, mais de grands tableaux brillamment éclairés représentant des paysages toscans.
    (...)
    Un haut comptoir en acajou occupait le centre de la pièce. La femme qui se tenait derrière me laissa pantoise. Grande, la peau sombre et les yeux verts, elle aurait été très jolie... dans tout autre endroit. Car elle était on ne peut plus humaine, comme moi. Que fabriquait-elle ici, parfaitement à l'aise, au beau milieu d'un nid de vampires ?
    - Bonjour, Jane, dit-elle avec un sourire exquis.
    Elle jaugea notre groupe sans marquer de surprise, en dépit d'Edward et de son torse nu qui scintillait doucement sous l'éclairage artificiel, en dépit de moi, décoiffée, débraillée et, comparativement, hideuse.
    - Gianna, répondit Jane avec un salut de la tête.
    (...)
    - Jane.
    - Alec.
    Ils s'embrassèrent sur la joue, puis il nous contempla.
    - Ils t'ont envoyée en chercher un, et tu reviens avec deux... et demi, murmura-t-il en me remarquant. Beau travail.
    Jane s'esclaffa, un rire où suintait le plaisir, tels les gazouillis d'un bébé.
    (...)
    Une fois de l'autre côté, je retins un gémissement. De nouveau, nous étions dans une salle en pierre, le même matériau que la place, la ruelle et le souterrain. Il y faisait sombre et froid. Cette antichambre était modeste et donnait sur une pièce caverneuse beaucoup plus claire, ronde comme la tour d'un château... ce qu'elle était sans doute.
    (...)
    La pièce n'était pas vide. Une poignée de personnes étaient réunies, s'adonnant à l'agréable exercice de la conversation. Le murmure de voix basses et posées formait un arrière-fond sonore assez doux.
    (...)
    Les visages splendides se tournèrent vers nous quand nous entrâmes. La plupart de ces immortels étaient vêtus de pantalons et de chemises anodins, des tenues susceptibles de passer inaperçues dans les rues, mais l'homme qui prit le premier la parole portait une tunique flottante noire comme la nuit qui traînait par terre. Un instant, je confondis la longue chevelure noire du vampire avec une éventuelle capuche.
    (...)
    Il orienta ses prunelles embrumées vers nous, et son sourire s'élargit.
    - Et voici Alice ! Et Bella ! se réjouit-il en tapant des mains. Quelle merveilleuse surprise ! Merveilleuse !
    Je fus choquée qu'il prononçât nos noms de façon aussi informelle, à croire que nous étions de vieux amis qui lui rendaient une visite surprise.
    (...)
    - Tu vois, Edward, que t'avais-je dit ? N'es-tu pas heureux que je ne t'aie pas accordé ce que tu me demandais hier ?
    - Je le suis, Aro, en effet, répondit-il en resserrant sa prise autour de ma taille.
    - J'adore quand ça se termine bien, soupira Aro. C'est tellement rare. Mais j'exige de connaître comment c'est arrivé. Alice ? Ton frère semble te considérer comme infaillible. Pourtant, il y a eu erreur.
    - Oh, je suis loin d'être infaillible, riposta Alice en lui adressant un sourire éblouissant, tout à fait à l'aise apparemment, si ce n'est qu'elle serrait les poings. Comme vous le constatez, je provoque autant de problèmes que j'en résous.
    (...)
    - Je suis navrée, s'empressa-t-il de s'excuser. Nous n'avons pas été présentés dans les formes, n'est-ce pas ? (...) C'est que, figure-toi, je partage un peu du don d'Edward, bien que mon pouvoir soit limité, ce qui n'est pas son cas.
    Il secoua la tête, envieux.
    - Limité et néanmoins beaucoup plus puissant, le corrigea Edward sèchement. Aro, expliqua-t-il à l'intention d'Alice, a besoin d'un contact physique pour lire dans les pensées d'autrui, mais il entend bien plus de choses que moi. Tu sais que je ne distingue que ce qui passe dans le cerveau de quelqu'un à un moment donné. Aro, lui, capte tout ce qui a jamais meublé l'esprit d'une personne.
    Alice souleva ses délicats sourcils, Edward inclina la tête - deux gestes qu'Aro ne loupa pas non plus.
    - Cependant, être capable de lire à distance..., soupira-t-il en les désignant, allusion à l'échange muet qui venait d'avoir lieu. Ce serait tellement pratique !
    (...)
    - Stupéfiant, marmonnait Aro en secouant la tête. Vraiment stupéfiant.
    Alice était agacée de ne pas savoir. Se tournant vers elle, Edward lui expliqua brièvement les choses à demi-voix.
    - Marcus détecte les relations. Il a été ahuri par l'intensité de la nôtre, à Bella et moi.
    - Tellement pratique, répéta Aro en souriant avant de s'adresser à nous. Il en faut pas mal pour surprendre Marcus, croyez-moi.
    Vu le visage mort dudit Marcus en question, j'en fus convaincue.
    - C'est juste si délicat à comprendre, même maintenant, continuait Aro en fixant le bras d'Edward autour de ma taille. (J'avais du mal à suivre le cheminement chaotique de ses réflexions.) Comment supportes-tu de rester aussi près d'elle ?
    - Cela exige plus d'efforts qu'il n'y paraît, répondit Edward.
    - N'empêche... la tua cantante ! Quel gâchis !
    - Je préfère considérer que c'est le prix à payer, riposta Edward avec un rire sec.
    (...)
    - Puis-je ? demanda-t-il en levant la main.
    - Posez-lui la question directement, répliqua Edward.
    - Bien sûr ! Quelle impolitesse de ma part ! Bella, ajouta-t-il en pivotant vers moi, je suis fasciné que tu sois la seule à résister à l'impressionnant talent d'Edward. Il est tellement passionnant de découvrir pareil phénomène. Comme nos dons sont similaires par bien des côtés, je me demandais si tu aurais la gentillesse de m'autoriser à vérifier si, pour moi aussi, tu es... illisible.
    (...)
    Quoi qu'il en soit, je m'approchai de l'antique vampire et soulevai lentement la main. Elle tremblait. Aro avança et tenta de prendre un air rassurant, j'imagine (...) Il tendit la main à son tour, comme pour serrer la mienne, et appuya sa peau apparemment dénuée de substance contre mes doigts. (...) Ses traits s'altérèrent. La confiance en soi vacilla, se transmuta en doute, puis en incrédulité avant que le masque amical reprenne sa place.
    - Très intéressant, commenta-t-il avant de s'écarter.
    (...)
    - Une première ! marmonna-t-il. J'aimerai savoir si elle également immunisée contre nos autres talents... Jane, très chère ?
    - Non ! gronda aussitôt Edward.
    Alice attrapa son bras ; il se libéra d'un geste. La petite Jane sourit joyeusement à Aro.
    - Maître ?
    (...)
    - Non ! cria Alice au moment où Edward se jetait sur elle.
    Avant que j'aie eu le temps de réagir, avant que quiconque ait pu s'interposer, avant même que les gardes du corps aient bougé, Edward se retrouva gisant au sol. Personne ne l'avait touché, et pourtant il se tordait de douleur sous mes yeux horrifiés. Jane ne souriait plus qu'à lui, et je compris tout à coup ce qu'Alice avait voulu dire par "pouvoirs formidables", pourquoi tous les vampires traitaient Jane avec autant de déférence et pourquoi Edward s'était jeté devant moi avec qu'elle me fasse subir le même sort.
    (...)
    - Jane ! lança Aro d'un ton paisible.
    Elle leva des yeux interrogatifs vers lui, visiblement enchantée. Sitôt qu'elle eût cessé de s'intéresser à lui, Edward s'immobilisa. Aro me désigna du menton. Jane tourna son sourire vers moi. Je ne la regardais pas, obnubilée par Edward, me débattant toujours contre le poigne d'Alice.
    (...)
    Nos prunelles se croisèrent, et les siennes me parurent frappées d'horreur - à cause de ce qu'il venait de subir, pensai-je aussitôt. Mais elles papillotèrent entre Jane et moi, et il se relaxa. Moi aussi, je reportai mon attention sur la jeune femme. Elle ne souriait plus, affichait au contraire un air plutôt contrarié, mâchoires serrées sous la concentration. Je me tassai sur moi-même, guettant la vague de souffrance.
    Rien de se produisit.
    Edward avait regagné sa place à mon côté. Il effleura le coude de sa soeur qui me rendit à lui. Aro se mit à rire.
    - Ha ! Ha ! Ha ! C'est extraordinaire.
    Jane siffla de rage et se pencha, comme pour bondir.
    - Ne sois pas fâchée, très chère, la consola Aro en posant une main légère sur son épaule. Elle nous prend tous au dépourvu.
    (...)
    - Aro ! intervint Caïus. Les lois l'exigent !
    - Comment ça ? riposta Edward en le toisant.
    Il avait sûrement deviné ce que Caïus avait en tête, sauf qu'il paraissait déterminé à l'obliger à le formuler à voix haute. Le vieux vampire tendit un doigt squelettique vers moi.
    - Elle en sait trop. Tu as dévoilé nos secrets.
    - J'ai repéré quelques humains dans votre mascarade, lui rappela Edward.
    Je pensai à la jolie réceptionniste. Le visage de Caïus se tordit... en un sourire ?
    - En effet, admit-il. La différence, c'est qu'une fois qu'ils ne nous sont plus utiles, ils nous servent de repas. Ce qui n'est pas le sort que tu réserves à celle-ci. Si elle nous trahissait, serais-tu prêt à la détruire ? Je ne pense pas.
    - Jamais je ne..., commençai-je avant de m'interrompre, réduite au silence par un regard réfrigérant de Caïus.
    - De même, tu n'as pas l'intention d'en faire une des nôtres, continua-t-il. Elle représente donc un point faible. Pour cela, seule sa vie mérité d'être sacrifiée. Rien que la sienne. Toi, tu peux partir, si tu le veux.
    Edward montra les dents.
    (...)
    Soudain, Alice s'avança et, sans un mot, tendit sa propre main à Aro. Ce dernier chassa d'un geste ses gardes du corps, qui s'étaient rapprochés. Il prit les doigts d'Alice avec une avidité sans pareille. Baissant la tête, il ferma les paupières et se concentra. Immobile, Alice ne trahissait aucune émotion. J'entendis Edward claquer des mâchoires.
    (...)
    - Ha ! Ha ! Ha ! s'esclaffa-t-il, les iris allumés par la joie. C'était fascinant.
    - Ravie que ça vous ait plu, rétorqua Alice avec un sourire sec.
    - Voir ce que tu as vu, surtout ce qui n'est pas encore arrivé, s'émerveilla-t-il.
    - Mais qui ne manquera pas de se reproduire, insista-t-elle.
    - Oui, oui, ça paraît évident. A mon avis, il n'y a plus de problème.
    (...)
    - Nous sommes donc libres de nous en aller ? demanda Edward d'un ton égal.
    - Oui, oui, acquiesça Aro. Mais revenez nous voir. Votre visite a été absolument captivante.
    - Et, de notre côté, nous viendrons chez vous, précisa Caïus, avec une mine de lézard. Histoire de vérifier que vous avez rempli votre part du contrat. A votre place, je ne tarderais pas trop. Nous ne donnons pas de deuxième chance.
    (...)
    Un troupeau de gens entrait par la petite porte en bois, envahissant la première pièce en pierre brute. Démétri nous fit signe de nous écarter, et nous nous collâmes au mur pour laisser passer la meute.
    - Bienvenue, mes amis ! entendis-je Aro chantonner. Bienvenue à Volterra !
    La quarantaine de personnes disparut dans la grande salle ronde que nous venions de quitter. Certaines étudiaient les lieux, tels des touristes. D'autres semblaient perdues, comme si le prétexte qui les avait amenées ici n'avait soudain plus de sens. (...) Edward attira mon visage contre son torse. Malheureusement, j'avais déjà saisi.
    (...)
    Heidi hocha la tête puis fila dans la tour, non sans m'avoir auparavant jeté un ultime coup d'oeil intrigué. Edward accéléra le pas au point de m'obliger à courir pour ne pas être distancée. Néanmoins, nous ne réussîmes pas à franchir le seuil de la pièce suivante avant que les hurlements se mettent à retentir.

    votre commentaire
  • 75d6bd273913699bce6e378bd63c4bdf_large
    (You're alive)
    Extrait de Tentation :
     
    - Je ne suis pas morte ! m'emportai-je. Et toi non plus ! S'il te plaît, Edward, fichons le camp d'ici ! Ils ne doivent pas être loin.
    Je me débattis pour me dégager de son étreinte, il fronça les sourcils.
    - Plaît-il ? demanda-t-il poliment.
    - Nous sommes vivants. Pour l'instant. Mais il faut que nous décampions avant que les Volturi...
    La compréhension se peignit enfin sur ses traits. Avant que j'aie eu le temps d'achever ma phrase, il m'attira brutalement dans la ruelle, me colla dos au mur se retourna, bras écartés devant moi pour me protéger.
    (...)
    (...)
    - Edward, il faut que tu arrêtes ça tout de suite. tu n'as pas le droit de penser ainsi. Tu ne peux pas laisser cette... culpabilité... régir ton existence. Il est impossible que tu endosses la responsabilité des choses qui m'arrivent. Tu n'y es pour rien. Ma vie est comme ça, un point c'est tout. Donc, la prochaine fois que je trébucherai devant un bus ou tout autre incident de la même eau, tu es prié d'admettre que tu n'as pas à en éprouver des regrets. Inutile de filer en Italie simplement parce que tu te sens mal de ne pas m'avoir sauvée. Même si j'avais plongé de cette falaise pour me suicider, cela aurait relevé de mon choix, pas ta faute. Je sais qu'il est dans ta nature de prendre systématiquement le blâme sur toi, mais tu ne peux laisser cette tendance te mener à de tels extrêmes ! C'est irresponsable ! Pense à Esmé et Carlisle...
    (...)
    - Isabella Marie Swan, chuchota-t-il avec une expression étrange (de la fureur ?), penses-tu vraiment que j'ai demandé aux Volturi de me tuer parce que j'éprouvais de la culpabilité ?
    (...)
    - Bella, murmura-t-il, le regard fou. Je me suis rendu auprès des Volturi parce que je te croyais morte. Quand bien même je n'aurais-je eu aucune part de responsabilité dans ta mort - il frissonna -, quand bien n'y aurais-je été pour rien, je serais allé en Italie.
    (...)
    - Je pensais avoir été clair. Je ne pourrais pas vivre dans un monde où tu n'existerais plus, Bella.
    - Là, tu... (Je cherchai le mot approprié.) Tu m'égares.
    Effectivement, j'étais déboussolée ; ses paroles n'avaient aucun sens. Il se pencha sur moi et plongea ses yeux dans les miens.
    - Je sais mentir, Bella, j'y suis obligé, marmonna-t-il avec franchise.
    Je me pétrifiai, muscles tendus, prête à encaisser le choc. La ligne de faille de ma poitrine se déchira, et la douleur fut si violente qu'elle me coupa le souffle. Il me secoua, essayant de rompre ma tétanie.
    - Laisse-moi terminer ! Je sais mentir, n'empêche, tu m'as cru si vite ! Ca a été... horrible.
    (...)
    - ... j'ai bien vu que tu ne renoncerais pas à moi. Je ne voulais pas agir ainsi, j'avais le sentiment que ça me tuerait, mais je savais aussi que si je n'arrivais pas à te persuader que je ne t'aimais plus, tu ne tarderais que plus à poursuivre le fil de ton existence. J'espérais que si tu pensais que moi, j'étais passé à autre chose, ce serait plus facile.
    - La rupture brutale, marmonnai-je.
    - Oui. Et pourtant, je n'avais pas songé que ce serait aussi simple ! Je m'étais dit que ce serait impossible, que tu serais tellement sûre de la vérité que je serais contraint de mentir comme un arracheur de dents pendant des heures afin de semer le doute en toi. (...) Excuse-moi. En même temps, comment as-tu pu me croire ? Après les milliers de fois où j'avais dit t'aimer, comment as-tu pu laisser un mot briser la foi que tu avais en moi ?
    Je ne répondis pas, trop choquée pour sortir une parole rationnelle.
    - J'ai lu dans tes yeux que tu pensais, profondément, que je ne voulais plus de toi. La chose la plus absurde, la plus ridicule qui soit. Comme si je pouvais exister sans toi !
    (...)
    - Tu penses que je mens encore, hein ? chuchota-t-il, le visage encore plus pâle que d'ordinaire. Pourquoi arrives-tu à croire le mensonge et pas la vérité ?
    - Ton amour pour moi n'a jamais eu de sens, expliquai-je d'une voix brisée. Je l'ai toujours su.
    (...)
    - Je ne partirai nulle part sans toi. Je m'en suis allé uniquement parce que je voulais que tu aies la chance de vivre une existence normale et humaine. L'effet que j'avais sur toi était catastrophique - je te mettais en danger, je t'arrachais au monde qui est le tien, je risquais ta vie à chaque instant. Cela devait cesser, et le seul moyen était que je te délaisse. Si je n'avais pas pensé que tu serais mieux sans moi, je ne me serais jamais éloigné. Je suis bien trop égoïste.
     
    Dans le film :
     
    Toute cette scène se déroule lorsque Bella sauve Edward à Volterra.

    votre commentaire
  • capture-20130131-233138
    (To Volterra, part 2)
    Extrait de Tentation :
     
    Nous attrapâmes notre vol de justesse, puis la vraie torture commença. L'avion patientait sur la tarmac, cependant que les hôtesses arpentaient (d'une démarche bien trop nonchalante à mon goût) les allées et s'assuraient que les sacs rentraient bien dans les compartiments à bagages.
    (...)
    Enfin, l'appareil s'éloigna paresseusement du couloir d'embarquement et prit de la vitesse avec une persistance qui ne fit qu'accroître mon angoisse. Si j'espérais un quelconque soulagement au décollage, j'en fus pour mes frais - mon impatience ne diminua en rien.
    (...)
    Je me rappelai avec une douloureuse clarté les mots qu'il avait prononcés sur le canapé en regardant Roméo et Juliette se tuer l'un après l'autre. "Il était évident que je ne comptais pas vivre sans toi !", avait-il dit comme si c'était une évidence. Hélas, les paroles qu'il m'avait quittée les avait occultés durablement.
    (...)
    - Si j'avais un moyen d'agir sans t'impliquer, Bella, je ne te mettrais pas en danger comme ça. C'est très mal de ma part.
    - Ne dis pas de bêtises. Je devrais être le cadet de tes soucis. Explique-moi plutôt ce que tu entendais à propos de détester mentir à Jasper.
    - Je lui ai juré que je m'en irais avant qu'ils ne me tuent également, marmonna-t-elle avec un pauvre sourire. C'est un serment sur lequel je n'ai aucune garantie.
    Elle souleva un sourcil, comme pour m'inciter à prendre plus au sérieux le danger qu'impliquait notre mission.
    (...)
    Au bout d'une éternité, l'avion commença sa descente sur New York. Alice ne sortit pas de sa transe, et j'hésitai à l'effleurer, tentant le geste un dizaine de fois et y renonçant, jusqu'au moment où l'appareil se posa en nous secouant comme des pruniers.
    - Alice ! murmurai-je enfin. Alice, nous y sommes.
    Je la touchai. Elle ouvrit très lentement les yeux et tourna la tête de droite à gauche.
    - Du neuf ? m'enquis-je à voix basse, consciente de mon voisin indiscret.
    - Pas vraiment, souffla-t-elle, à peine audible. Il se rapproche. Il est en train de s'interroger sur la manière de présenter sa requête.
    Nous dûmes courir pour attraper notre correspondance, ce qui valait mieux que devoir poireauter. Dès que l'appareil eut décollé, Alice referma les yeux et retomba dans sa stupeur.
    (...)
    - Ils lui ont stipulé leur refus.
    Elle s'exprimait tout doucement, et je remarquai que son enthousiasme l'avait désertée.
    - Et ? m'étranglai-je.
    - Au début, ça a été chaotique, je n'ai perçu que des images éparses, ses plans n'arrêtaient pas de changer.
    - Quels plans ?
    - Il y a eu un mauvais moment, quand il a décidé de chasser. Dans la ville, précisa-t-elle en constatant que je n'avais pas compris la nuance. Il a failli le faire, puis il s'est ravisé à la dernière minute.
    (...)
    - Oh, c'est très simple. Il va juste se mettre en plein soleil.
    Très simple en effet. Ca suffirait amplement. Le souvenir d'Edward dans la clairière, resplendissant, ruisselant de lumière comme si sa peau avait été constituée de milliers de diamants, était gravé dans ma mémoire. Nul humain ayant eu le loisir d'assister à ce spectacle n'était près de l'oublier. Les Volturi ne toléreraient pas un tel geste.
    (...)
    - Alors nous arriverons trop tard, murmurai-je, à deux doigts de la panique.
    - Non, objecta-t-elle. En ce moment, il est obsédé par la théâtralité. Il veut le plus vaste public possible. Il a donc choisi la place principale, sous la tour de l'horloge. Les murs sont élevés, à cet endroit. Il attendra que le soleil soit à son zénith.
    - Nous avons donc jusqu'à midi ?
    - S'il s'en tient à ce qu'il a décidé, oui.
    (...)
    Dans un crissement de pneus, une Porsche d'un jaune éclatant s'arrêta à quelques pas de l'endroit où je trépignais. Le mot "TURBO" était inscrit en cursives argentées sur l'arrière du véhicule.
    (...)
    - Tu as vu autre chose ? demandai-je.
    - Il se passe quelque chose. Une espèce de festival. Les rues sont bondées de visiteurs, et des drapeaux rouges ont été accrochés un peu partout. Quel jour sommes-nous ?
    - Le quinze.
    - Quelle ironie ! La Saint-Marcus.
    - C'est-à-dire ?
    - La ville célèbre cette date tous les ans, ricana-t-elle, sardonique. D'après la légende, un missionnaire chrétien, un certain père Marcus - celui des Volturi - a chassé les vampires de Volterra il y a mille cinq cent ans. Ensuite, il serait mort en martyr, en Roumanie où il poursuivait sa traque.
    (...)
    Je commençais à comprendre pourquoi elle trouvait la situation ironique.
    - Ils ne vont pas être très contents qu'Edward leur gâche ce jour, hein ?
    - Non, admit-elle en perdant sa bonne humeur. Et ils sont prompts à la détente.
    (...)
    - Volterra, annonça Alice d'une voix glaciale.
    Quand nous commençâmes l'ascension de la colline, la circulation se densifia. Plus nous montions, plus nombreuses étaient les voitures, trop proches les unes des autres pour qu'Alice puisse continuer à les doubler. Nous ralentîmes, bloquées par une petite Peugeot marron clair. De son côté, la pendule du tableau de bord semblait avoir accéléré son cours.
    - Alice ! m'énervai-je.
    - Il n'y a pas d'autre accès à la ville, tenta-t-elle de m'apaiser.
    (...)
    - On y est presque, m'encouragea Alice.
    J'agrippais la poignée de la portière, prête à me ruer dehors dès qu'elle m'en donnerait l'ordre.
    (...)
    Alice arrêta la Porsche. J'ouvrais déjà ma portière. Elle désigna l'extrémité de la rue qui s'évasait sur une place lumineuse.
    - Là-bas ! Nous sommes au sud de la place. Traverse-la directement et fonce sur la droite du clocher. Moi, je vais trouver un autre chemin...
    (...)
    Je ne m'attardai pas pour la regarder se fondre dans la masse de gens, ne refermai pas ma portière non plus. Ecartant une grosse femme de mon chemin, je détalai à toutes jambes, tête baissée, ne prêtant attention à rien si ce n'est aux pavés inégaux sous mes pieds.
    (...)
    Les corps pressés les uns contre les autres n'offraient aucune trouée où me faufiler. Je me forçai un passage, écartant les mains qui me repoussaient. Des exclamations furibondes me parvinrent aux oreilles, entrecoupées de coups sournois, mais nulle n'était dans un langage qui me fût intelligible.
    (...)
    Malgré le soleil radieux, le vent était glacial, et l'humidité ne fit qu'accentuer l'impression de froid. La fontaine était très large, et elle me permit de dépasser le milieu de la place en à peine quelques secondes. Je ne ralentis pas en parvenant de l'autre côté, me servis du rebord comme d'un tremplin et me jetai de nouveau dans la cohue. Les gens s'écartaient plus volontiers de moi, à présent, de peur d'être éclaboussés par les gouttes gelées qui jaillissaient de mes vêtements trempés. Une fois encore, je jetai un coup d'oeil à l'horloge. Un coup sourd ébranla les lieux, secouant les pavés sous la plante de mes pieds.
    (...)
    Soudain, je l'aperçu et je compris qu'il ne me voyait pas. C'était lui. Nulle hallucination, cette fois, ce qui me permit de constater à quel point les miennes avaient été pauvres et ne lui avaient pas rendu justice.
    Immobile comme une statue, à quelques pas de la place ensoleillée, il avait les paupières fermées, des cernes d'un mauve soutenu, les bras ballants, paumes tendues en avant. Il avait l'air paisible, comme s'il rêvait à des choses agréables. Son torse marmoréen était nu - un petit tas de tissu blanc gisait à ses pieds. La lumière qui se réfléchissait sur les pavés de la place rebondissait doucement sur sa peau.
    (...)
    Au coup suivant, il avança vers la lumière.
    - Non ! m'égosillai-je. Edward ! Regarde-moi !
    Il n'écoutait pas, Un très léger sourire sur les lèvres, il leva le pied pour franchir le pas qui l'exposerait.
    Je le heurtai de plein fouet, si brutalement que j'aurais été projetée à terre si son bras ne m'avait pas retenue et stabilisée. J'en eus la respiration coupée, faillis me déboîter le cou.

    votre commentaire